Max Ernst, technique du frottage


Le frottage

Avant de faire partie de l’univers artistique, le frottage est sans doute la toute première façon d’imprimer. Il s’agissait alors essentiellement du frottage de pierre. Le frottage est aussi une technique qui permet en archéologie de faire l’empreinte de pierres pour en révéler les détails écrits ou dessinés.



ERNST MAX (1891-1976)


Toujours à la recherche de moyens propres à réduire la part active du « créateur », Ernst découvre en 1925 le frottage. Saisi un jour par l'aspect hallucinatoire d'un plancher en bois aux rainures très apparentes, il y pose des feuilles de papier qu'il frotte avec de la mine de plomb.


Un paysage sous-jacent paraît. Ainsi, Max Ernst parvient à libérer les structures secrètes des matériaux, des plantes et des feuillages. L'intervention du peintre leur confère une direction, une forme allusive. Max Ernst codifie le procédé dans son Histoire naturelle (1926). Grattées dans la couleur, ces structures frottées lui permettent désormais de faire surgir de ces toiles monstres, oiseaux, forêts nocturnes, Hordes, Villes entières attaquées par une végétation luxuriante. 


Ce bestiaire, ces barbares, ces acropoles dévastées, les cruels Jardins gobe-avions annoncent la catastrophe qui menace l'Europe. L'Ange du foyer (1937) est le symbole du fléau totalitaire. 


Max Ernst exprime dans ces frottages ses propres visions. « Il faut transcrire ce que l'on voit à l'intérieur », dit-il avec Caspar David Friedrich, son peintre préféré. Les tableaux de cette époque contiennent en outre des renvois précis à la peinture du Moyen Âge tardif – des maîtres de Cologne à Jérôme Bosch et Grünewald. La décomposition de l'ancien monde est rendue par l'aspect spongieux obtenu par la décalcomanie que pratiquait alors le peintre.



J'étais alors dans une auberge du bord de mer un soir pluvieux. J'eus une vision qui cloua mon regard sur les lattes du plancher sur lesquelles mille éraflures avaient laissé leurs traces. Je décidai de continuer le contenu symbolique de cette vision et je fis une série de dessins de ces lattes de plancher pour favoriser mes facultés méditatives et hallucinatoires. Je posai au hasard des feuilles de papier sur les lattes que je frottai au crayon noir. Lorsque je contemplai intensément les résultats de ces dessins, les endroits foncés et les autres, dans une pénombre douce et légère, je fus surpris par le renforcement soudain de mes facultés visionnaires…. Ma curiosité s'éveilla et je commençai, émerveillé, à expérimenter plein d'insouciance et d'espoir .Pour ce, j'utilisai les mêmes moyens, tous les matériaux qui se trouvaient dans mon champ de vision: les feuilles et leurs nervures, les bords revêches d'un lambeau de lin, le fil déroulé d'une bobine. Devant mes yeux, surgissaient des têtes d'hommes, des animaux, une bataille, des rochers, la mer, ….." Max Ernst"

Une vidéo pour voir Max Ernst travailler sur cette technique de frottage…
http://www.youtube.com/watch?v=pvS4QeUI_b4 


Commentaires

Michèle L a dit…
Merci pour tous ces articles très intéressants.

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