École de Crozant

 

L'école de Crozant désigne, de façon informelle, une succession de colonies d'artistes pratiquant la peinture de paysage et qui s'étaient établis autour du village de Crozant, situé à la limite nord du Département de la Creuse, d'où son nom.

Elle est composée d'une pléiade de peintres paysagistes qui, à partir des années 1850, travaillèrent sur les rives des deux Creuses (Grande Creuse et Petite Creuse), de la Sédelle et de la Gargilesse, à proximité des communes de Crozant, de Fresselines et de Gargilesse.

http://www.arthelie.fr/fr/ 

Ces colonies de peintres paysagistes se font plus rares à partir des années 1920. Deux facteurs expliquent cette désaffection. L'intérêt des artistes pour d'autres courants que ceux du paysagisme et la montée des eaux de la Creuse consécutive à la construction de l'un des plus grands barrages français de l'époque à Eguson situé dans le Département de l'Indre. C'est une école « sans maître », qui est une commode appellation, imaginée ultérieurement, pour désigner tous ceux qui ont trouvé l'inspiration dans ces vallées Creusoises et Berrichonnes. Durant près d'un siècle, près de 500 peintres fréquentèrent ces lieux. Cette histoire est désormais comptée aux amateurs d'art et de voyages touristiques à travers la Vallée des Peintres entre Berry et Limousin.



 

L'expression « école de Crozant » qui s'applique aux peintres paysagistes est toujours employée. Au côté de cette dénomination peu précise propre au XIXe siècle apparait, depuis quelques années, une formulation patrimoniale englobant tout le périmètre visité par ces colonies d'artistes, celle de « la Vallée des Peintres entre Berry et Limousin ». Berry et Limousin fait le lien avec deux anciennes provinces hôtes de ces foyers artistiques. Parmi les paysagistes qui ont fréquenté Crozant, des figures internationales comme les impressionnistes Claude Monet et Armand Guillaumin ou le surréaliste Francis Picabia.


 

Naissance d'une école du paysage

 

Au début du XIX siècle, les critères artistiques s'étaient fixés autour de la tradition néoclassique, dans la suite du peintre Jacques-Louis David. En marge de cet académisme, le romantisme formalisé par Géricault, Bonington et Delacroix prenait de l'ampleur. En 1824, tandis que le Salon de Paris exposait quelques-unes des œuvres de John Constable, déjà Camille Corot trouvait en la forêt de Fontainebleau, à Barbizon, un lieu d'inspiration dans sa quête de nature. 


 

Une nouvelle génération de peintres abandonne peu à peu le formalisme académique et puise son inspiration dans la campagne : ils produisent des toiles souvent rurales, s'éloignant des scènes et drames mythologiques, du maniérisme, du bucolisme féérique, et surtout, ils quittent l'atelier pour le plein air, privilégient la peinture d'après nature, directement et face aux éléments. Peu avant la révolution de 1848, des peintres comme Gustave Courbet et Jean-François Millet (avec Le Semeur (1850) ou Les Glaneuses (1857) étendent leurs visions aux personnages ruraux, peignant la paysannerie, les travaux des champs, le terroir, une évocation de la vie simple, sans mise en scène dramatique ni démonstration. Sur le plan littéraire, les influences de Jean-Jacques Rousseau et surtout de Georges Sand sont déterminantes.

 

L'origine de Crozant

Le village de Fresselines est située à une cinquantaine de kilomètres de Nohant la résidence de George Sand (1804-1876). Celle-ci, accompagnée d'hôtes prestigieux, appréciait les promenades dans les vallées creusoises autour de Fresselines et de Crozant. Elle évoquera Crozant ou Fresselines dans plusieurs de ses romans : Lettres d'un voyageur, Le péché de Monsieur Antoine, Jeanne. George Sand se voit offrir en 1857 par son compagnon Alexandre Manceau une petite maison à Gargilesse-Dampierre à une dizaine de kilomètres de Crozant. Elle y passera de nombreux séjours.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Aurore_Dupin_baronne_Dudevant_dite_George_Sand/143001 

La renommée de Crozant et de ses environs attirent alors de nombreux artistes peintres.

Une école sans maître

Le terme d'« école de Crozant » a été forgé dès 1864, mais c'est un terme générique, aucun maître n'ayant jamais enseigné dans les vallées creusoises. De même, il faut attendre 1891 pour voir le terme d'« école de Barbizon » apparaître. Ce genre d'appellation sert donc à qualifier une successions de colonies de peintres venues s'installer à Crozant entre les années 1860 et jusqu'au milieu du XXe siècle. Dès le début des années 1850, Jules Dupré (1811-1889) et Georges de Lafage-Laujol (1830-1858) y posent leurs chevalets. Armand Guillaumin (1841-1927), qui a eu la chance de gagner le gros lot de la Loterie nationale en 1891, est désormais débarrassé de tout souci matériel et peut se consacrer entièrement à la peinture. En 1893, après avoir exploré le Limousin dont la Creuse, il choisit Crozant comme résidence de prédilection. Non loin de l'église de Crozant, se trouve son buste en bronze. Claude Monet, au cours d'un séjour à Fresselines de mars à mai 1889, réalise une série de tableaux sur le site du confluent des deux Creuses. Il produit 23 toiles dans la vallée.

 
Écrivains et poètes

 

Le poète Maurice Rollinat (1846-1903), filleul littéraire de George Sand, se retira à Fresselines en 1883 pour y continuer son œuvre. Il s'y entoure d'amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. Maurice Leblanc visita Rollinat, qu'il avait connu à Paris. Les Névroses, publié chez Charpentier en 1883, annoncé dès 1882, ce recueil est le plus célèbre de Rollinat, en 1886, il publiera l'Abîme, puis Paysages et Paysans ainsi qu'un recueil en prose En errant. Claude Monet partagea la table de Rollinat, à Fresselines en 1889. À sa mort en 1903, Auguste Rodin offre à la commune de Fresselines un bas-relief sculpté intitulé La Muse et son Poète. Cette sculpture est exposée sur le mur de l'église du village. 

https://www.poesie-francaise.fr/poemes-maurice-rollinat/ 


 

Quelques peintres parmi les plus célèbres qui ont incarné « l’école de Crozant »

Armand Guillaumin

"Qu’il existe au monde un pays aussi beau que Crozant, c’est possible, mais un plus beau, je ne puis le croire."

Armand Guillaumin (1841-1927) découvre Crozant en 1892. Il y restera jusqu'à sa mort en 1927 et influencera un grand nombre de peintres qui viendront sur le site, grâce à lui. Il est le chef de file de l'École.






 

Léon Detroy

Léon Detroy (1859-1955) découvre la vallée de la Creuse en 1889. Peintre divisionniste, pointilliste comme Signac, il est également proche de Maurice Rollinat, ce grand poète et écrivain qui habitait Fresselines lui a fait découvrir les beautés de ces paysages. Léon Detroy a habité à Crozant puis à Gargilesse, où a également vécu George Sand, autre grande dame qui a attiré Detroy par ses écrits. Léon deviendra le second maître et chef de file de cette école; il se liera avec bon nombre d'artistes, comme Eugène Alluaud, la famille Osterlind, Van Den Eeckout et en inspirera d'autres tels Marcel Coucy, René Juste ou Gaston Thiery. Figure incontournable de la vallée, ses œuvres ont aujourd'hui très prisées.






 

Paul Madeline

Paul Madeline (1863-1920) est un peintre postimpressionniste qui découvre la vallée de la Creuse et Crozant en 1894, grâce à Maurice Rollinat et Léon Detroy. Il peindra la Creuse et la Bretagne jusqu'à la fin de sa vie. Cet artiste est connu pour sa palette de couleurs très particulières et lumineuses.






 

Eugène Alluaud

Eugène Alluaud (1866-1947), mort à Crozant, est un fédérateur de l'École. Alors qu'il faisait office de "régisseur", ce peintre aisé issu d'une famille de porcelainier a fait construire une maison bourgeoise à Crozant, où il accueillait les artistes. Proche de Guillaumin et de Detroy, il a fait partie des 5 peintres phares de l'École.






 

Anders Osterlind

Anders Osterlind (1887-1960), d'origine suédoise et fils d'Allan Osterlind (peintre de l'École de Crozant), apporte un souffle de modernité sur l'École. Il se situe dans une facture plus expressionniste qu'impressionniste, et se rapproche de Soutine et Modigliani (grands peintres de Paris avec une peinture plus moderne).





https://www.luciensouny.fr/catalogue/documents/lecole-de-crozant/

 Spécialiste en tableaux modernes, Christophe RAMEIX nous propose ici, non seulement une approche historique de L’Ecole de Crozant mais encore un répertoire méthodique des peintres qui la composèrent. Sa connaissance des lieux ajoutée à sa compétence professionnelle font de cet ouvrage la référence la plus précise et la plus sérieuse publiée sur le sujet.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

Commentaires

Veronique Blin a dit…
Un grand merci pour nous faire partager cette revue de certains peintres creusois.C'est une façon aussi de nous rendre compte combien la Creuse est belle !

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